"Sur iTunes, auteurs, compositeurs et éditeurs se partagent 7 centimes d'euro"

Malgr? une faible r?mun?ration, la musique en ligne est "un enjeu incontournable" pour la Sacem. Interview crois?e de son pr?sident et de la responsable des ?tudes.
La musique en ligne est-elle un enjeu d'avenir pour la Sacem ?
Bernard Miyet : Pour toutes les fili?res culturelles, le num?rique est un enjeu d'avenir incontournable. De plus en plus, nous nous dirigeons vers une distribution d?mat?rialis?e des œuvres. Depuis longtemps nous sommes mobilis?s, m?me si pour l'instant les chiffres ne sont pas encore significatifs.
Claire Giraudin : L'an dernier, la Sacem a touch? 819 millions d'euros de droit d'auteur pour toutes les diffusions de son r?pertoire de 40 millions d'oeuvres sur le territoire. Sur ce total, les usages multim?dia repr?sentaient moins de 7 millions d'euros, soit moins de 1%.
Entre t?l?chargement et abonnement pour une ?coute en streaming, quel mod?le a le plus d'avenir ?
B. Miyet : Globalement, je pense que tous les mod?les vont cohabiter. Aujourd'hui, pour les m?dias, plusieurs mod?les coexistent : le gratuit financ? par la publicit?, le payant sur abonnement, le payant ? l'acte, le semi-payant... L'aspect d?terminant sera les conditions d'acc?s : un stockage individuel li? ? un ordinateur ou support, ou un stockage collectif, c'est-?-dire en cloud, pour un acc?s partout, ? tout moment. Reste que, pour l'instant, le mod?le iTunes est plus r?mun?rateur que les abonnements des sites de streaming comme Deezer et Spotify.
Combien touche un artiste pour un titre vendu sur iTunes, un titre ?cout? sur Spotify ou un titre vendu dans le commerce ?
C. Giraudin : Comparons la r?mun?ration par album. Pour un CD de 15 titres, la Sacem per?oit entre 90 centimes et 1,10 euros, soit 9% du prix hors taxes. Sur iTunes, la Sacem per?oit 70 centimes pour un album ?quivalent. Mais iTunes reste un service de t?l?chargement surtout utilis? pour des achats de single. Sur Spotify, le mod?le de r?mun?ration est bas? sur un ratio en fonction du nombre d'?coutes et du chiffre d'affaires global, un peu comme ? la radio ou ? la t?l?vision.
B. Miyet : Pour chaque titre vendu sur iTunes, la Sacem per?oit?7 centimes d'euros au total pour le ou les?auteur(s), le ou les compositeur(s) et le ou les ?diteur(s). Comme quoi, ce n'est pas le droit d'auteur qui co?te le plus cher...
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La musique en ligne peut-elle enrayer le t?l?chargement ill?gal ?
B. Miyet : Les mentalit?s ?voluent. Les nouvelles offres commerciales sont toujours plus attractives. D?sormais, sur les grands sites, on trouve ? peu pr?s tout ce qu'on veut. C'est cette logique que nous soutenons. Une logique de d?veloppement, qui compl?te la p?dagogie de l'Hadopi.
?tes-vous satisfait du bilan de l'Hadopi ?
B. Miyet : Nous avons fortement souhait? sa mise en place. M?me si aucune proc?dure n'a ?t? men?e ? bout, n'oublions pas que l'Hadopi est toujours dans une phase de lancement. Avec l'envoi massif d'e-mails d'avertissement, c'est entr? dans les esprits. Le d?bat ne suscite plus la m?me passion. Au final, il faut avancer sur les deux tableaux : la logique de sensibilisation de l'Hadopi et le d?veloppement des offres commerciales l?gales.
D?sormais, tous les g?ants du web d?veloppent ces offres commerciales. Apr?s Apple, Google se d?veloppe sur le march? de la musique en ligne, tandis que Spotify et Deezer poursuivent leur expansion. Qu'en pensez-vous ?
B. Miyet : La perception a ?volu?. Apr?s avoir ?t? un produit d'appel pour les fournisseurs d'acc?s et de services, la musique apparait comme un produit ? valeur ajout?e. Les diff?rents acteurs commencent enfin ? se poser de vraies questions sur la mon?tisation. Et c'est plut?t positif. Cela signifie aussi que, plus largement, les acteurs vont s'engager fortement dans la lutte contre la piraterie. Politiquement, c'est un tournant.
C. Giraudin : Pour l'instant, le num?rique est un march? encore instable. Beaucoup de services disparaissent aussi vite qu'ils apparaissent. Cela me rappelle les radios libres en 1981. A l'?poque, la Sacem percevait une r?mun?ration quasi-insignifiante, alors qu'aujourd'hui la radio est un tr?s important poste de r?mun?ration. La musique en ligne est en d?veloppement constant, avec un mod?le ?conomique ? inventer. A chaque nouveau contrat, il faut r?inventer la roue pour des accords qui respectent ? la fois des mod?les ?conomiques balbutiants et la r?mun?ration des auteurs.
Interview de Bernard Miyet, pr?sident du directoire de la Sacem, et de Claire Giraudin, responsable des ?tudes et de la communication ext?rieure de la Sacem, par Boris Manenti
(Vendredi 2 d?cembre) NouvelObs.com Retrouvez toute l'actualité en temps réel sur NouvelObs.com

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